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Le quart de finale entre L'Angleterre, sacrée en 2003 et finaliste en 2007, et la France, deux équipes auteurs d'une première phase peu convaincante, aura cette fois plus de dramaturgie que le traditionnel "crunch", samedi sur la pelouse de l'Eden Park d'Auckland.

En Coupe du monde, les matchs France-Angleterre ont tourné à l'avantage des Anglais qui ont remporté toutes les rencontres à enjeu, le quart de finale en 1991 (19-10) et les demi-finales en 2003 (24-7) et en 2007 (14-9). Sous l'ère de Marc Lièvremont, les Français ont accumulé un passif de trois défaites face aux Anglais. A son actif, le sélectionneur français n'a décroché qu'une victoire 12-10, ouvrant la voie au Grand Chelem en 2010. Si les Français rivalisent souvent, les Anglais ont donc pris l'habitude de l'emporter grâce aux mêmes armes : du défi physique, de la défense et un buteur dans le rôle du bourreau. L'ouvreur Jonny Wilkinson, qui s'est chargé de cette tâche en 2003 et en 2007, sera à nouveau titulaire samedi.

Vexés et humiliés après la défaite face aux Tonga, les Français se sont donné pour mission de se racheter vis-à-vis d'eux mêmes et de leurs supporteurs. "Les joueurs se sont responsabilisés et ont échangé. Il faut regretter d'attendre d'être au pied du mur pour se mobiliser. Là, il y a mobilisation et il y aura réaction pour gagner ce match", avance le sélectionneur du XV de France Marc Lièvremont. "On a besoin d'actes sur le terrain. Le dire c'est bien, le faire sur le terrain, c'est mieux. L'équipe de France n'a jamais été aussi forte que lorsqu'elle est combattante", prévient le troisième ligne Imanol Harinordoquy, qui s'est imposé comme le patron tant attendu hors du terrain. "Il faut être plus agressif en défense, moins nous exposer dans notre camp et faire preuve de réalisme", résume le Basque avant de préciser : "On a besoin d'imaginer que l'on va gagner ce match."

UNE ÉQUIPE DE FRANCE IMPRÉVISIBLE

Dans ce contexte, Marc Lièvremont a maintenu sa confiance dans ses joueurs. Seuls le pilier droit Nicolas Mas, remis de sa blessure à l'ischio-jambier droit, et Harinordoquy ont intégré le quinze pour apporter de la densité et de la maturité. Pour la première fois depuis 18 rencontres, la ligne arrière, menée par l'improbable charnière Dimitri Yachvili-Morgan Parra, deux demis de mêlée de métier, est reconduite en intégralité. Les Anglais savent que l'équipe de France est imprévisible. Surtout lorsqu'elle est moribonde. "Ils ont de la fierté, ils viendront pour jouer, je n'en doute pas. Ils sont très, très dangereux quand on les donne battus d'avance et qu'ils n'ont rien à perdre", averti l'entraîneur anglais, Martin Johnson.

Du côté de Londres, on se méfie également de la bête blessée tricolore. "La France est connue depuis longtemps pour sa volatilité", estime le journaliste du Guardian Paul Rees. "Le jeu des Bleus est basé sur l'émotion. Ils sont enthousiasmants. Et ils seront enthousiastes samedi." "La France possède tout ce qu'il faut pour battre n'importe quelle équipe, y compris elle-même. Ils ne semblent pas se rendre compte à quel point ils sont bons", continue Rees, qui devrait être invité dans le staff tricolore pour leur remonter le moral. "La principale force de la France réside dans sa capacité à briser n'importe quelle défense. Les dix premières minutes face aux All Blacks étaient parmi les meilleures vues depuis le début du tournoi. Les 20 dernières, parmi les pires."

FLOOD ET WILKO POUR UN DÉLUGE DE JEU AU PIED

En prévision de la lutte annoncée, le sélectionneur anglais Martin Johnson a concocté un pack tout aussi dense et retenu pas moins de cinq avants sur le banc des remplaçants dont le bouillant talonneur Dylan Hartley, et le rugueux deuxième ligne Courtney Lawes. Derrière, les deux gâchettes Jonny Wilkinson et Toby Flood évolueront ensemble, entourés de la nouvelle vague anglaise sans complexe, le centre Manu Tuilagi, l'ailier Chris Ashton et l'arrière Ben Foden. "Si nous voulons gagner la Coupe du monde, nous avons vraiment besoin de franchir un palier", estime le jeune arrière.

"Les polémiques qui entourent certains joueurs anglais va les renforcer et non les affaiblir. Ils se révèlent dans l'adversité. Leur slogan ? Tout le monde nous déteste mais on s'en fout", analyse Paul Rees. "Wilkinson et Flood auraient du être alignés ensemble depuis longtemps, mais cette association sent le desespoir. Wilkinson rate ses coups de pied et les Anglais auront sans doute besoin d'inscrire des essais", conclut le journaliste du Guardian.

Plus que les attaques anglaises à endiguer, les Français auront à trouver la clé d'une défense qui n'a encaissé qu'un seul essai en quatre victoires face à l'Argentine (13-9), la Géorgie (41-10), la Roumanie (67-3), et l'Ecosse (16-12). Pour percer le coffre-fort anglais, les Français, qui ont remisé leurs belles intentions de jeu, se tiennent donc prêts à l'affrontement. A moins que le French Flair...