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Ramallah — L'Autorité palestinienne, soutenue par la Ligue arabe, a haussé le ton hier contre un nouvel ordre militaire israélien qui, selon elle, menace d'expulsion des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie occupée.

Quelque 200 Palestiniens se sont parallèlement rassemblés dans le centre de Ramallah, le siège de l'Autorité palestinienne en Cisjordanie, aux cris de «À bas l'apartheid israélien, Palestine libre».

«J'ai le droit de me déplacer dans mon propre pays», ont scandé les manifestants.

Selon des informations de presse et l'ONG israélienne Hamoked, un nouveau décret de l'armée israélienne visant à empêcher les infiltrations en Israël pourrait permettre l'expulsion ou l'arrestation de dizaines de milliers de Palestiniens séjournant en Cisjordanie.

«Cela va transformer les Palestiniens en criminels dans leurs propres foyers, tout en minant les efforts que déploient les Palestiniens pour gérer leurs affaires intérieures», a accusé dans un communiqué le principal négociateur palestinien, Saëb Erakat.

Selon lui, «toute personne trouvée sans permis spécifique, y compris dans les zones contrôlées par l'Autorité palestinienne, peut désormais être emprisonnée ou expulsée de Cisjordanie» par Israël.

En visite à Madrid, le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré que «l'ordre militaire qui vise à déporter des Palestiniens ou à les soumettre à des poursuites est à tous les points de vue illégal».

Le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos a indiqué de son côté que la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et la présidence tournante espagnole de l'Union européenne avaient demandé des «éclaircissements» à Israël et indiqué que l'UE réagirait une fois ces explications obtenues.

L'armée israélienne a démenti avoir l'intention de procéder à des expulsions massives après l'entrée en vigueur prévue mardi de cet ordre. «Ce texte va au contraire permettre de mieux défendre ceux qui seront visés par un ordre de rapatriement car il prévoit la création d'une commission judiciaire auprès de laquelle ces personnes pourront faire appel», a déclaré lundi un responsable israélien qui a requis l'anonymat. L'ordre qui vise des personnes séjournant illégalement en Cisjordanie, «touchera très peu de gens», a-t-il dit.