http://www.liberation.fr/monde/0101628403-le-predicateur-du-vatican-presente-ses-excuses-apres-un-sermon-controverse

 Le prédicateur du Vatican, qui avait indirectement dressé un parallèle entre les accusations portées contre le pape et l’Eglise dans les scandales de pédophilie et l’antisémitisme, a présenté ses excuses dans un journal italien dimanche.

«Si j’ai contre ma volonté heurté la sensibilité des juifs et des victimes de la pédophilie, je le regrette sincèrement et je m’en excuse en réaffirmant ma solidarité avec les uns et les autres», a déclaré le père Raniero Cantalamessa au plus important quotidien de la péninsule, le Corriere della Sera.

Pendant la liturgie de la Passion du Christ, le père Cantalamessa avait lu devant le pape un passage d’une lettre de «soutien» au pape et à l’Eglise catholique qu’il disait avoir reçue d’un «ami juif».

«L’utilisation du stéréotype, le passage de la responsabilité et de la faute personnelles à la faute collective me rappellent les aspects les plus honteux de l’antisémitisme», disait son auteur.

Ce rapprochement entre l’antisémitisme et la période très difficile traversée par l’Eglise catholique en Europe et aux Etats-Unis avec une cascade de révélations de cas de pédophilie avait provoqué l’indignation des associations de victimes et des communautés juives dont certains responsables ont réclamé des excuses du pape Benoît XVI.

Le Vatican a admis le caractère inapproprié d’une telle analogie, affirmant que ce n’est en aucun cas la position du Saint-Siège.

Et le père Cantalamessa a assuré au Corriere della Sera que ni le pape ni le Vatican n’étaient au courant du contenu de son sermon.

«Le pape non seulement n’a pas inspiré (le sermon) mais, comme tous les autres, il entendait pour la première fois les paroles que j’ai prononcées pendant la liturgie à Saint-Pierre», a affirmé le prédicateur attitré du Vatican.

Selon lui, jamais «personne du Vatican n’a prétendu lire à l’avance le texte de mes prêches, ce que je considère comme une marque de grande de confiance». Il a eu l’idée d’insérer la lettre de son «ami juif» seulement parce qu’elle «semblait être un témoignage de solidarité à l’égard du pape». «Mon intention était tout à fait amicale, pas du tout hostile».

Interrogé par le Corriere sur l’identité de son «ami juif», le père Cantalamessa a souligné que celui-ci est «un Italien très lié à sa religion qui m’avait autorisé à donner son nom». Mais «je n’ai pas souhaité l’impliquer directement et encore moins maintenant», a souligné le père Cantalamessa.

«Si j’avais pu imaginer que je provoquerais une polémique comme celle-ci, je n’aurais jamais rendu publique» sa lettre, a expliqué le prédicateur. Selon lui, son ami ne voulait pas comparer les persécutions contre les juifs aux accusations contre l’Eglise, mais plutôt stigmatiser «la présence d’un anti-christianisme diffus dans notre société occidentale».

Le prédicateur du Vatican est chargé de rédiger et dire les sermons à Saint-Pierre pendant la période du Carême jusqu’à Pâques, et de l’Avent, précédant Noël.

Le père Cantalamessa, moine capuccin docteur en théologie qui occupe cette fonction depuis 1980, est un auteur prolifique de livres religieux et le présentateur de l’émission religieuse «A son image» sur la première chaîne de télévision publique Rai Uno.