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Elie Wiesel, auteur et activiste mondialement célèbre, Prix Nobel de

la Paix, et survivant de l'Holocauste, a écrit une lettre pour

exposer son point de vue sur la ville de Jérusalem, sa lettre a été

publiée en première page de grands journaux américains. Voici ses

paroles telles que publiées dans l'International Herald Tribune, le

Washington Post, le Wall Street Journal et

dans le New York Times .

Jérusalem est au-delà des politiques !

C'était inévitable, Jérusalem est de nouveau au centre des débats

politiques et les tempêtes internationales. De nouvelles et

d’anciennes tensions remontent à la surface, à un rythme inquiétant.

Jérusalem ! Dix-sept fois détruite et dix-sept fois reconstruite, elle

est toujours au milieu d’affrontements diplomatiques qui pourraient

mener à un conflit armé. Ni Athènes, ni Rome n’ont suscité autant de

passion.

Pour moi, le Juif que je suis, Jérusalem est au-dessus de la

politique. Il est mentionné plus de six cents fois dans la Torah, et

pas une seule fois dans le Coran. Sa présence dans l’histoire juive

est écrasante. Il n’y a pas de prière plus émouvante dans l’histoire

juive que celle exprimant notre désir de retourner à Jérusalem. Pour

beaucoup de théologiens, c’est l’histoire juive, pour de nombreux

poètes, c’est une source d’inspiration. Elle appartient au peuple juif

et elle est beaucoup plus qu’une ville, c’est ce qui lie un Juif à un

autre d’une manière qui reste difficile à expliquer. Quand un Juif

visite Jérusalem pour la première fois, ce n’est pas la première fois,

c’est un retour aux sources. La première chanson que j’ai entendue

était une berceuse chantée par ma mère à propos de Jérusalem. Sa

tristesse et sa joie font partie de notre mémoire collective. Depuis

que le roi David s’empara de Jérusalem comme sa capitale, les Juifs

ont vécu à l’intérieur de ses murs, et, ils ont subi deux brusques

changements : lorsque les envahisseurs romains, leur interdirent

l’accès à la ville et, de nouveau, sous l’occupation jordanienne, les

Juifs, sans distinction de nationalité se sont vus refuser l’entrée du

vieux quartier juif, pour méditer et prier au Mur, le dernier vestige

du temple de Salomon. Il est important de se rappeler, que si la

Jordanie n’avait pas rejoint l’Egypte et la Syrie dans la guerre

contre Israël, la vieille ville de Jérusalem serait encore arabe. De

toute évidence, tandis que les Juifs étaient prêts à mourir pour

Jérusalem, ils ne tueraient pas pour Jérusalem.

Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire, les Juifs, les

Chrétiens et les Musulmans, peuvent, sans entrave, vénérer leurs

sanctuaires. Contrairement à certains rapports de médias, Juifs,

Chrétiens et Musulmans sont autorisés à construire leurs maisons

partout dans la ville. La douleur ressentie pour Jérusalem, ne

concerne pas l’immobilier, mais la mémoire.

Quelle est la solution ? La pression n’engendrera pas de solution. Y

a-t-il une solution ? Il doit y en avoir une ! Et, il y en aura une !

Pourquoi lutter contre le problème le plus complexe et sensible si

prématurément ? Pourquoi, avant toute chose, n’est-il pas pris des

mesures qui permettront aux communautés israéliennes et palestiniennes

de trouver des modalités pour vivre ensemble dans une atmosphère de

sécurité ? Pourquoi, ne pas ranger, pour un temps, le plus

embarrassant et délicat des problèmes ?

Jérusalem doit rester la capitale spirituelle juive du monde,

Jérusalem ne doit pas être un symbole d’angoisse et d’amertume,

Jérusalem doit être un symbole de confiance et d’espoir. Comme le

maître hassidique Rabbi Nahman de Bratslav l'a dit : "Tous dans ce

monde ont un cœur, et le cœur, a lui-même son propre cœur."

Jérusalem est le cœur de notre cœur, l’âme de notre âme !

Ne cédez jamais au désespoir, mais, si cela devait vous arriver,

luttez avec l'énergie du désespoir.

Le mal triomphe toujours par l'inaction des gens de bien.

Elie Wiesel.