Montréal, 12 mars 2010 - Le Bloc québécois a annoncé lundi qu'il avait décidé de se retirer de la Coalition parlementaire canadienne de lutte contre l'antisémitisme (CPCCA) en raison de la position biaisée et partisane de celle-ci. Le député Luc Desnoyers, l'un des deux bloquistes siégeant à la CPCCA, a confirmé que la décision du parti reflétait son malaise face à « l'inégalité des opinions présentées devant la Coalition » et « le refus du comité directeur d'entendre les groupes aux vues dissidentes ».

Troublé par le manque de diversité des organisations et des individus appelés à témoigner devant la Coalition, le Bloc avait en effet formellement demandé dès la fin novembre à ce que Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient (CJPMO) et la Fédération Canado-Arabe (CAF) soient entendues, afin de palier à l'uniformité des points de vue présentés devant la CPCCA et son penchant marqué en faveur d'Israël. La requête du Bloc, à l'instar de celles faites par d'autres députés de la Coalition, est restée sans réponse de la part du comité directeur - un comité présidé par le conservateur Scott Reid - et ni CJPMO ni la CAF n'a reçu d'invitation à participer aux audiences de la CPCCA pendant toute la tenue de ses travaux.

Dans une lettre datée du 22 février 2010, la CPCCA remerciait en effet CJPMO de sa « contribution importante », assurant que le comité d'enquête « était engagé dans un processus ouvert et transparent prenant en compte les vues de toutes les parties ayant présenté des preuves ». Or, un examen de la liste des témoins invités aux dix jours d'audience tenus par la CPCCA entre le 2 novembre 2009 et le 8 février 2010 révèle que la sélection s'est clairement faite selon des critères partisans visant à favoriser une position plutôt qu'une autre. « CJPMO est absolument contre toute forme d'antisémitisme », a déclaré Thomas Woodley, le président de CJPMO. « Néanmoins, si la CPCCA désire vraiment adopter une perspective objective, elle aurait dû ouvrir ses audiences aux points de vue différents, voire même opposés ».

La CPCCA est une coalition ad-hoc (non officielle) qui réunissait - jusqu'à la résignation du Bloc cette semaine - des parlementaires de chacun des partis politiques. La CPCCA a lancé un appel de mémoires l'été dernier pour « avoir un aperçu du problème de l'antisémitisme [sic] au Canada et élaborer des recommandations concrètes pour combattre le phénomène à l'échelle locale et planétaire ». Parmi les groupes ayant remis en cause la légitimité des arguments avancés par la Coalition à l'effet d'une résurgence de l'antisémitisme au Canada, CJPMO a fait valoir dans sa proposition que la tentative de la CPCCA d'établir un lien entre la critique d'Israël et l'antisémitisme était indéfendable et allait à l'encontre des protections fondamentales énoncées dans la Charte canadienne des droits et libertés.

La CPCCA prévoit émettre son rapport final et ses recommandations dans quelques semaines.