Les photographies et le reportage de Jean-Paul Ney, récemment parus dans la Ména, reflètent une réalité que les grands media français se refusent à montrer et que les hommes politiques n’osent pas énoncer, mais qui n’en existe pas moins. La France est, de plus en plus, un pays tout entier pris en otage.

Dans des quartiers entiers, et qui s’agrandissent, la police n’ose plus intervenir, renonce à ses missions fondamentales de garantie de la sécurité des biens et des personnes, et laisse les habitants livrés à eux-mêmes, sous le contrôle de bandes vivant de trafics variés.

La moindre tentative d’intervention de l’Etat se solde par des émeutes et des violences diverses. Des commerces font l’objet de chantages, d’intimidations et préfèrent se soumettre plutôt que de risquer l’incendie ou le pillage.

Des lycées, des collèges, des écoles, sont réduits au statut de garderies : les enseignants ont dû renoncer à la discipline, voire à l’enseignement, et certains sujets sont désormais tabous et impossibles à aborder dans des dizaines d’établissements. Les agressions contre des élèves ou contre des professeurs se multiplient et se banalisent.

Lors d’événements sportifs, bien avant la Coupe du monde de football, les fêtes improvisées se transforment fréquemment en déchaînements barbares, avec leurs cortèges de voitures brûlées, de vitrines brisées et de passants agressés. Ce qui se passe lors d’événements sportifs survient aussi le jour de l’an ou celui de la Fête nationale.

Les victimes peuvent être n’importe qui, n’importe où, mais elles sont, de préférence, les gens de type occidental, et plus une personne aura la peau claire, les cheveux blonds, plus les risques pour elle seront grands : un Scandinave courra plus de risques, disons, qu’un Espagnol.

Les proies pourront aussi être asiatiques : la manifestation de Chinois de Belleville, las d’être rackettés et détroussés, était, en ce sens, symptomatique.

Les victimes seront souvent - ce doit être dit et je le dis - juives. Un Juif qui vit dans les quartiers bourgeois sera à l’abri. Un Juif qui vit en Seine-Saint-Denis aura tout intérêt à être discret, à baisser la tête, à ne jamais porter de kippa ou à se déplacer en groupe.

Un Juif qui vivrait en Seine-Saint-Denis et qui oserait parler d’Israël, si ce n’est pour dire qu’il est résolument hostile à l’ « entité sioniste » (ce qui le rendrait tolérable) pourrait s’attendre aux pires représailles.

Les grands media français se refusent à montrer tout cela, écrivais-je. Le discours qu’ils tiennent consiste à édulcorer, à dissimuler, à dire que tout va bien ou que tout ne va pas si mal. Il consiste à apaiser, sous prétexte de maintenir la « paix sociale ».

Il consiste aussi à accompagner la prise d’otage et à s’en faire les serviteurs consentants. Le discours relativiste de gauche, selon lequel tout vaut tout et par lequel les criminels sont dépeints comme « victimes de la société » s’accompagne de réflexes conditionnés, faisant que les Etats-Unis sont plutôt traités comme un pays malfaisant (Obama, défini d’emblée comme un saint homme, étant l’exception), et qu’Israël est toujours dépeint comme l’abomination des abominations, le pays qu’il faut absolument détester.

Il en résulte un emballement où, comme dans la logique qui mène à se demander qui est venu en premier, la poule ou l’œuf, les informations concernant Israël ressemblent de plus en plus à une propagande pré-nazie, tandis que ceux qui reçoivent les informations n’admettent pas quoi que ce soit qui s’écarterait de la propagande pré-nazie, et sont prêts à le faire savoir par tous les moyens qu’ils jugent nécessaires.

Les hommes politiques n’osent pas parler. Ils sont sous surveillance. Ils sont « responsables », clament-ils, et ne veulent pas d’ « affrontements » : ceux par qui la barbarie peut venir sont ainsi assurés de pouvoir tenir le haut du pavé et de recevoir au passage les courbettes requises.

Les hommes politiques s’épient les uns les autres : l’accusation est toujours prête à tomber et stigmatisera un discours d’ « extrême-droite ».

L’islam, bien sûr, est, dès lors, toujours une « religion de paix ». Les zones de non droit sont des « quartiers sensibles ». Les membres de bandes sont des « jeunes », juste des « jeunes ».

Ahmadinejad est « président », pas dictateur. Le Hamas est composé de « militants », d’ « activistes », de « cadres », pas de miliciens ni de terroristes.

Des suppôts du terrorisme armés de poignards et de barres de fer sont des « pacifistes » et des « humanitaires ». Israël est gouverné par des « extrémistes », « viole les lois internationales » et procède par des « réactions disproportionnées ».

Une récente manifestation organisée par le CRIF pour la libération de Guilad Shalit a suscité un silence médiatique absolu et, hélas, très logique : un Français juif qui a aussi la nationalité israélienne, et qui aggrave son cas en portant l’uniforme de Tsahal, est, par définition, indéfendable. Il peut dès lors être kidnappé, maltraité, torturé, ce sera bien fait pour lui.

Des hommes politiques étaient présents à la manifestation : un seul d’entre eux a osé tenir un discours digne de ce nom. Un seul.

La représentante de la mairie de Paris, qui a fait une brève apparition, a contrebalancé l’impudence de l’orateur lucide en recevant, quelques jours plus tard, avec bien des égards, la famille d’un terroriste emprisonné en Israël après une tentative d’attentat raté, Salah Hamouri. [Hier, c’est l’Elysée qui les a reçus. Ndlr.].

Au rythme où vont les choses, ce sera bientôt, en France, l’existence même d’Israël qui sera « disproportionnée ». Tout Juif qui ne rasera pas les murs sera considéré comme un provocateur.

Toute personne qui ne dira pas que l’islam est une religion de paix sera passible d’une peine de prison. Les commerces qui vendront des produits non hallal ou touchés par des mains juives impures seront sommés de fermer leurs portes.

On ne pourra plus écrire des articles comme celui que je suis en train d’achever ici et qui, ce n’est pas un hasard, est publié par une agence de presse israélienne. Un tel article ne pourrait déjà plus être publié par aucun journal et aucun hebdomadaire français.

Cela ressemble au crépuscule, me demande la voix de ma conscience : je réponds oui, cela ressemble au crépuscule. Y a-t-il un espoir ? Je dois dire que non, je ne vois pas d’espoir.