New York — Le chef de l'ONU a annoncé hier la constitution d'un panel de quatre experts chargés d'enquêter sur le raid meurtrier contre une flottille d'aide destinée à la bande de Gaza, après le revirement de l'État hébreu qui accepte désormais de soutenir l'enquête.


Un Turc et un Israélien feront partie du panel, a indiqué Ban Ki-moon. Il a précisé que le groupe d'experts entamerait ses travaux le 10 août et soumettrait un premier rapport d'ici la mi-septembre. Il sera présidé par l'ancien premier ministre néo-zélandais Geoffrey Palmer, secondé dans sa tâche par le président colombien sortant Alvaro Uribe.


M. Ban n'a en revanche pas révélé l'identité de l'expert israélien, ni celle de son homologue turc. Jusqu'à maintenant, l'État hébreu s'était opposé à la création d'une commission internationale d'enquête sur cette affaire et avait ouvert deux enquêtes internes.


Mais hier, le bureau du premier ministre israélien a indiqué que «Benjamin Nétanyahou a informé aujourd'hui le secrétaire général de l'ONU qu'Israël prendrait part au panel».


«Israël n'a rien à cacher, a commenté M. Nétanyahou. L'intérêt national de l'État d'Israël commande que la vérité soit mise en lumière sur les événements. C'est ce principe-même que nous servons».


Ce geste fait suite à des consultations avec un groupe de sept ministres israéliens et des diplomates ces dernières semaines visant à s'assurer que ce panel «est effectivement doté d'un mandat écrit équilibré et juste», a-t-il ajouté.


Ankara, qui réclamait la mise en place d'un tel panel, a qualifié sa mise sur pied de «pas très important vers la réparation de l'injustice subie par la Turquie dans ce raid».


Neuf militants turcs, dont deux avaient aussi la nationalité américaine, avaient péri dans le raid contre la flottille qui s'apprêtait à contourner le blocus israélien de la bande de Gaza pour y livrer de l'aide humanitaire.


Israël assure que les membres du commando n'avaient fait que se défendre face à l'agression qu'ils avaient essuyée au moment de l'assaut.


Ban Ki-moon a remercié la Turquie et Israël «pour l'esprit de compromis et leur coopération qui va de l'avant». Pour M. Ban, il s'agit là d'une «avancée inédite».


«J'espère que l'accord aura un effet positif sur les relations entre la Turquie et Israël ainsi que sur la situation générale qui prévaut au Proche-Orient», a conclu M. Ban.


Son porte-parole, Martin Nesirky, a précisé qu'«il ne s'agit pas d'une enquête criminelle». Il a indiqué que les experts auraient accès aux rapports des enquêtes israélienne et turque en cours. Ils auront la possibilité de demander des «clarifications et des informations complémentaires». Ils auront pour tâche de mettre en lumière «les faits, les circonstances et le contexte de cet incident» et de décider des mesures à prendre pour que ce genre d'incidents ne se reproduise pas, a poursuivi M. Nesirky.


L'incident de la flottille avait provoqué une crise profonde entre Israël et la Turquie, un temps proches alliés.


Ankara avait demandé à l'État hébreu de présenter des excuses, d'indemniser les familles des victimes et de lever le blocus qu'il maintient contre la bande de Gaza.


Sous les pressions internationales, Israël avait ensuite assoupli son strict blocus terrestre de Gaza, en vigueur depuis la prise de contrôle du territoire palestinien par les islamistes du Hamas en juin 2007.


Le mois dernier, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU avait nommé trois experts chargés d'enquêter sur le raid israélien, mais Israël avait qualifié l'intiative de «prématurée» car les investigations de sa propre commission d'enquête étaient en cours.