Après ses deux attaques contre des colons israéliens et malgré la vague d'arrestations de ses sympathisants en Cisjordanie, le Hamas a promis, jeudi 2 septembre, de poursuivre ses opérations anti-israéliennes, marquant encore une fois son opposition aux négociations de paix en cours. Une réaction violente qui était à craindre, selon Yves de La Messuzière, ancien diplomate français et bon connaisseur de la situation à Gaza, dirigée par le mouvement islamiste.

"Ne pas considérer le Hamas comme un acteur de ces pourparlers est une erreur", disait-il lundi, à la veille de la première attaque qui a tué quatre colons israéliens en Cisjordanie. "Il était à craindre qu'un cycle de violences vienne répondre au cycle de négociations, a-t-il confirmé au Monde.fr jeudi. Nous risquons maintenant d'entrer dans un cycle arrestations-répressions-réactions".

Cet ancien ambassadeur, qui estimait aussi lundi que "ces pourparlers ont vocation à ne pas déboucher sur un accord", croit que les violences des derniers jours vont "peser sur les négociations en donnant des arguments supplémentaires à Benyamin Nétanyahou" qui, depuis le début insiste sur la nécessité de garantir la sécurité de l'Etat d'Israël avant toute chose.

"IL N'Y A PAS QUE LE HAMAS QUI S'OPPOSE AUX NÉGOCIATIONS"

Or, jeudi, après l'arrestation, en réaction aux attaques, de centaines de militants et sympathisants du Hamas par l'Autorité palestinienne, Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, a assuré que "les opérations de résistance continueront et ces actions ne parviendront pas à affaiblir la résistance ni à apporter la sécurité à l'occupation" israélienne. "Le véritable représentant du peuple palestinien, ce sont les forces de la résistance", a-t-il ajouté.

D'après M. de La Messuzière, "il n'y a pas que le Hamas qui s'oppose à ces négociations" : "Il y a des oppositions au sein même du parti d'Abbas [le président de l'Autorité palestinienne] et une frustration extrême chez les Palestiniens de Gaza qui subissent au quotidien une insatisfaction et une humiliation."

Cette idée de "résistance" trouve alors un écho chez nombre de Palestiniens qui "reprochent à Mahmoud Abbas d'être allé négocier sous les conditions d'Israël, sans faire de la poursuite du moratoire sur le gel des colonies une condition préalable", explique le diplomate. Le Hamas, lui, accuse M. Abbas de collusion avec "l'ennemi sioniste pour déraciner la résistance".

"ON NE PEUT PAS SE PASSER DE GAZA"

En fait, M. de La Messuzière voit dans ce regain de violences la conséquence de mise à l'écart de Gaza, trop souvent oubliée : "On en parle ponctuellement, quand il y a eu la guerre [en décembre 2009] ou l'affaire de la flottille humanitaire, cela a touché les esprits, mais a été oublié après. Or, on ne peut pas se passer de Gaza et Gaza a besoin d'être reconstruite, a besoin de bois, de fer. Israël doit alléger significativement le blocus."

Un officier israélien s'est félicité jeudi de la coopération entre l'armée israélienne et les services de sécurité palestiniens mise en place après les attaques. "La coopération continue malgré ces attentats et elle a même atteint un niveau parmi les plus élevés depuis les accords d'Oslo en 1993", a déclaré un officier de l'administration militaire israélienne en Cisjordanie.

"Vous remarquerez, relève M. de la Messuzière, qu'Israël n'a pas encore réagi, alors que habituellement, il le fait avec des bombardements sur Gaza. Il s'agit probablement d'une demande des Etats-Unis." Le seul acteur qui puisse, selon lui, agir réellement dans ces négociations : "Il faut maintenant voir si Obama est capable de peser sérieusement en exerçant des pressions sur Israël."

Hélène Bekmezian avec AFP