Le grand homme d'Etat britannique Edmund Burke avait dit un jour : "L'hypocrisie peut se permettre d'être grandiose dans ses promesses, car l'intention seule ne coûte rien."Les Palestiniens et les Syriens ont appris de la communauté internationale que leur hypocrisie et leur inflexibilité étaient absolument sans conséquence. Ils ont rejeté toutes les demandes, les gestes et même les concessions israéliennes.

En réalité, les deux pays et leurs cohortes de diplomates dans les institutions, comme le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, n'ont montré que du mépris envers leurs interlocuteurs.

La commission Goldstone est un exemple classique. De leur propre aveu, l'initiative a été mise sur pied par l'Organisation de la conférence islamique et votée devant l'Assemblée générale de l'ONU par des fossoyeurs des droits de l'Homme comme le Soudan, la Corée du Nord, le Zimbabwe, Cuba et l'Arabie Saoudite. Même si quelques nations occidentales ont condamné la commission et ses conclusions pour son manque de professionnalisme et son parti pris, le droit d'Israël à l'autodéfense contre des actes de terrorisme aveugle continue d'être condamné. Ce qui montre à nos voisins que leurs actions restent impunies et les encourage à devenir de plus en plus extrémistes et violents.

L'Autorité palestinienne (AP) continue de glorifier le crime en nommant ses places et ses avenues en mémoire de terroristes responsables de la mort de centaines d'innocents, israéliens ou étrangers. La rue, qui abrite le nouveau bâtiment du gouvernement de l'AP, a été baptisée en hommage à Yihye Ayyash, l'artificier qui a peaufiné "l'art" de l'attentat suicide. Le mois dernier, en présence des dirigeants palestiniens, la place Dalal Mughrabi a été inaugurée, du nom de la terroriste responsable de la mort de 37 civils israéliens innocents , dont 12 enfants.

Israël ne deviendra pas une seconde Tchécoslovaquie

La position de la communauté internationale à l'égard de la Syrie est encore plus dérangeante. Malgré les appels américains à se distancer de l'Iran, le président Bashar Assad a récemment accueilli Mahmoud Ahmadinejad et son lieutenant du Hezbollah, cheikh Hassan Nasrallah, et du Hamas, Khaled Mashaal. Durant le sommet, Assad a annoncé que son pays avait l'intention de fortifier sa longue alliance avec l'Iran. Plus dérangeant encore, selon le secrétaire d'Etat américain Robert Gates, la Syrie et l'Iran "fournissent au Hezbollah des roquettes et des missiles encore plus perfectionnés. Le mouvement a davantage de roquettes et de missiles que n'importe quel gouvernement au monde."

Par ailleurs, durant le récent sommet de la Ligue arabe en Libye, Assad a apporté son plein soutien au terrorisme palestinien "sans retenue et sans timidité", le percevant comme la (seule) "solution". Le silence écrasant du monde après ces déclarations a endommagé la confiance des diplomates israéliens dans la viabilité de la paix et l'engagement de la communauté internationale dans un processus juste et équilibré qui apportera la paix et la stabilité au Moyen-Orient.

Ce silence rappelle l'attitude européenne à l'aube de la Seconde Guerre mondiale. En 1925, la France et la Tchécoslovaquie signaient un traité d'assistance mutuelle pour dissuader l'Allemagne de lancer une offensive. En 1938, le Premier ministre anglais Neville Chamberlain cherche à apaiser Berlin en faisant pression sur son allié tchèque pour qu'il livre la région des Sudètes aux nazis. Chamberlain tente de justifier sa manœuvre en clamant que les Allemands des Sudètes veulent rejoindre la mère-patrie, et blâme le Premier ministre tchèque, Edouard Benes, pour son approche intransigeante et son refus au compromis pour préserver la paix. Puis, il exige la nomination d'un médiateur britannique pour faire pression sur la Tchécoslovaquie. La Grande-Bretagne et la France lancent un ultimatum, menaçant de se retirer du traité de défense franco-tchèque.

En septembre 1938, la Tchécoslovaquie n'a pas d'autre choix que de capituler face aux pressions de Londres et de Paris. En mars 1939, les nazis marchent sur Prague. La suite, tout le monde la connaît. Les appétits du fürher ne se sont pas limités à la Tchécoslovaquie et le monde entier a payé un lourd tribut, à savoir quelques dizaines de millions de vies, pour apaiser Hitler et soutenir une paix artificielle. Israël ne deviendra pas une seconde Tchécoslovaquie et ne sacrifiera pas ses intérêts vitaux sur l'autel des pressions internationales.

A l'aube de la reprise des discussions de "proximité" entre Israéliens et Palestiniens, il est important de rappeler au monde que l'Etat d'Israël a prouvé plusieurs fois dans le passé qu'il était prêt à payer un lourd tribut pour faire la paix avec ses voisins. Depuis les accords avec l'Egypte en 1979, l'Etat hébreu s'est retiré de territoires trois fois plus grands que sa superficie actuelle. Contrairement à la dialectique internationale, les implantations n'ont jamais été un obstacle à la paix. Au contraire, le désengagement unilatéral du Goush Katif, au cours duquel des centaines de Juifs ont été évacués, a seulement conduit à la prolifération des roquettes et à l'arrivée d'un pouvoir extrémiste, le Hamas. Ainsi, une paix réelle ne peut être décidée ou imposée de l'extérieur. Elle peut seulement aboutir à travers des négociations directes entre les parties impliquées et le développement d'une confiance mutuelle.

L'auteur est le ministre des Affaires étrangères et leader du parti Israël Beiteinou.

© 2008 Le Jerusalem Post édition Francaise