En juin 2006, les autorités canadiennes ont arrêté 17 individus soupçonnés de complot terroriste inspirés par Al-Qaeda. Ils planifiaient de faire exploser des immeubles de Toronto, dont la tour du CN. Dans l'un des ordinateurs saisis, les policiers ont découvert que les comploteurs avaient écouté des sermons d'un imam américain, Anouar al-Aulaqui.

Or, cet imam a qualifié de «geste héroïque» l'action du major Nidal Malik Hasan, ce psychiatre de l'armée américaine accusé d'avoir tué 13 de ses collègues le 5 novembre à la base militaire de Fort Hood, au Texas.

Qui est Anouar al-Aulaqui? «Son nom est connu au Canada», dit l'avocat David B. Harris, expert en terrorisme et ancien cadre des services secrets canadiens. «Mais je ne savais pas que les terroristes de Toronto avaient un lien avec lui.»

Et ils ne seraient pas les seuls. Hier, le New York Times a révélé qu'une douzaine de complots terroristes ces dernières années - y compris ceux du 11 septembre 2001 - avaient au moins une chose en commun: un lien avec les sermons de l'éloquent imam Anouar al-Aulaqui.

Soutenir le djihad

Fils d'un ancien ministre de l'Agriculture et ancien recteur au Yémen, Anouar al-Aulaqui est né dans l'État du Nouveau-Mexique en 1971. Il a étudié l'islam au Yémen avant de revenir aux États-Unis étudier en ingénierie au Colorado, puis à San Diego, en Californie, où il est devenu imam.

C'est dans sa mosquée de San Diego, selon les informations du New York Times, qu'Anouar al-Aulaqui a rencontré deux futurs pirates de l'air du 11 septembre. Au début de 2001, il a suivi l'un de ces hommes dans une mosquée de Virginie, où il a rencontré un autre futur pirate. Les autorités américaines, indique le quotidien américain, se doutent que l'imam a eu connaissance du complot du 11 septembre, «mais elles ne peuvent le prouver».

Anouar al-Aulaqui a quitté les États-Unis en 2002 pour la Grande-Bretagne, puis le Yémen. Les agences de renseignement se sont sérieusement intéressées à lui à partir du mois de décembre 2007, après la publication de son pamphlet 44 façons de soutenir le djihad.

Qui tuer et pourquoi

Outre les attentats du 11 septembre, le complot de Toronto et la tuerie de Fort Hood, l'imam aurait inspiré au moins un des six hommes reconnus coupables d'avoir voulu attaquer Fort Dix, au New Jersey. Les conversations captées par les agences de renseignement révèlent l'admiration que vouait l'un des accusés à Anouar al-Aulaqui.

Il est aussi lié aux islamistes somaliens shebabs, alliés d'Al-Qaeda, dont certaines recrues sont originaires du Minnesota. Les sermons de al-Aulaqui ont également été liés à au moins sept cas de complot terroriste au Royaume-Uni, selon le New York Times.

Les experts observent que l'imam né aux États-Unis sait comment s'adresser, dans la langue des Occidentaux, aux jeunes musulmans sensibles à ses appels. «Al-Aulaqui condense la philosophie d'Al-Qaeda en discours bien écrits», dit l'expert Evan Kohlmann au New York Times. «Il ne dit peut-être pas aux gens comment fabriquer une bombe ou tirer avec un fusil. Mais il peut leur dire qui tuer et pourquoi, et justifier l'urgence de la mission.»

 

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