Un travailleur palestinien dans un chantier de construction israélien à Maale Adumim

Photo : Agence Reuters Baz Ratner

Un travailleur palestinien dans un chantier de construction israélien à Maale Adumim

 

Jérusalem — Le cabinet de sécurité restreint israélien a approuvé hier soir la proposition de Benjamin Nétanyahou de suspendre pour dix mois la construction de nouvelles colonies en Cisjordanie, mais pas dans les zones annexées à la municipalité de Jérusalem.


Saluée par les États-Unis, cette initiative, qui ne porte pas non plus sur les logements approuvés ou en cours d'achèvement, est présentée comme visant à «faciliter la reprise du processus de paix» voulue par l'administration américaine de Barack Obama, mais elle ne satisfait pas aux exigences palestiniennes.


«Cela nous permet de présenter au monde une simple vérité: le gouvernement israélien veut engager des négociations et il est très sérieux dans son intention de progresser vers la paix», a dit Nétanyahou dans un SMS envoyé par ses services aux journalistes.


Le porte-parole de Mahmoud Abbas, Nabil Abou RdaJinah, a rappelé la position du président palestinien: «Tout retour aux négociations doit se faire sur la base d'un gel total de la colonisation et, avant tout, à Jérusalem.»


La décision israélienne signifie la suspension des délivrances de permis de construire pendant dix mois pour les colonies de «Judée-Samarie», nom donné par les Israéliens à la Cisjordanie, ainsi que de toute nouvelle construction dans ces implantations.


Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a dit espérer que les colons comprendront cette mesure destinée à maintenir de bonnes relations avec les États-Unis, afin notamment de préserver la supériorité militaire de l'État juif dans la région.


La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, et l'émissaire spécial de Barack Obama pour le Proche-Orient, George Mitchell, ont également accueilli avec satisfaction l'initiative israélienne. Celle-ci, a dit George Mitchell, peut avoir «un impact important» sur les efforts de paix. Pour Hillary Clinton, la décision israélienne «aide à faire avancer» les efforts pour mettre fin au conflit.


Lors de son sommet tripartite avec Barack Obama et le président palestinien Mahmoud Abbas en septembre à New York, le premier ministre israélien a refusé au chef de la Maison-Blanche un gel total des constructions, affirmant qu'il fallait répondre au besoin démographique des familles de colons.


Il a proposé par la suite, pour complaire au président américain, de limiter les constructions en Cisjordanie aux 3000 logements déjà approuvés pendant une période de neuf à douze mois, une initiative saluée par les États-Unis, dont Abbas a déploré la «volte-face».


Interrogé sur ce moratoire de dix mois, le premier ministre palestinien Salam Fayyad a déclaré à la presse: «Qu'est-ce qui a changé pour rendre aujourd'hui acceptable ce qui ne l'était pas il y a une semaine ou dix jours? L'exclusion de Jérusalem est un problème très sérieux pour nous.»


Pour sa part, le président Abbas réaffirme son exigence d'un gel complet de la colonisation, invitant les États-Unis à peser en ce sens sur Israël.

 

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