Hebron, Cisjordanie -- Des milliers de Palestiniens ont manifesté hier à Hébron pour exhorter Mahmoud Abbas à revenir sur sa décision de ne pas briguer un deuxième mandat à la présidence de l'Autorité autonome.


Agitant des drapeaux, ils se sont massés dans les rues de cette ville du Sud de la Cisjordanie où Abbas effectuait un rare déplacement. «Mahmoud Abbas, ne démissionne pas! Tu es notre base», scandaient les manifestants.


«Nous avons besoin de vous», a déclaré au président palestinien Hussein al Aradj, gouverneur de Hébron, lors d'une réception en son honneur. Abbas a brièvement pris la parole à cette occasion, sans évoquer sa décision.


La visite d'Abbas et les manifestations ont été retransmises en direct par la télévision palestinienne, qui multiplie les programmes de soutien au président de l'Autorité autonome depuis qu'il a annoncé jeudi ne pas désirer se présenter à l'élection prévue le 24 janvier prochain.


En fin d'après-midi, Abbas a de nouveau pris la parole, lors d'un modeste meeting, sur un stationnement de Bethléem portant encore des traces de chenilles de chars israéliens.


Il a affirmé qu'Israël n'avait rien fait pour avancer vers la paix. «Il semble qu'il ne veuille pas la paix, qu'il ne veuille pas cesser la colonisation et qu'il rejette le concept de deux États», a-t-il dit. «Je ne sais donc pas ce qu'ils veulent», a-t-il avoué.


Depuis l'annonce de son désistement à l'élection présidentielle, de nombreux observateurs s'interrogent sur le sens à donner à son initiative.


Pour certains, il pourrait s'agir d'une décision tactique visant à pousser les États-Unis à faire pression sur Israël pour obtenir l'arrêt des constructions dans les colonies juives de Cisjordanie.


Mais Saëb Erekat, principal négociateur palestinien, a réaffirmé que l'annonce du président de l'Autorité palestinienne n'était pas une manoeuvre.


Shimon Peres: «ne partez pas»


À 74 ans, Abbas a construit toute sa carrière politique sur la négociation d'un accord de paix avec Israël. En disant vouloir jeter l'éponge, le successeur de Yasser Arafat a exprimé sa déception devant le soutien américain au gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu.


En Israël, le président Shimon Peres a demandé à Mahmoud Abbas de reconsidérer sa décision. «Je lui dis en collègue: ne partez pas», a-t-il dit samedi soir lors d'un rassemblement à la mémoire du Premier ministre assassiné Yitzhak Rabin.


Abbas, a poursuivi Peres, a vécu «de nombreuses déceptions, de nombreuses frustrations», mais, «connaissant mon peuple et le gouvernement d'Israël, je veux vous dire qu'Israël veut une paix véritable».


Mais Peres est pratiquement le seul dirigeant israélien à avoir demandé publiquement à Abbas de revenir sur sa décision.


Avigdor Lieberman, ministre des Affaires étrangères et chef de file du parti ultranationaliste Israël BeJitenou, a déclaré pour sa part qu'il ne prenait pas au sérieux l'annonce du président de l'Autorité palestinienne.


«Vous pouvez qualifier cela de manoeuvre ou de menace. Vous pouvez l'interpréter comme vous le souhaitez, mais, moi, cela ne m'excite pas beaucoup», a-t-il dit, en rappelant qu'Abbas avait déjà menacé de démissionner par le passé.


Netanyahu, qui est parti dimanche pour une visite aux États-Unis, n'a fait, quant à lui, aucun commentaire sur l'initiative d'Abbas.