Le Caire et Jérusalem -- Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a exhorté le président palestinien Mahmoud Abbas à revenir sur sa décision de ne pas se représenter à la présidentielle prévue en janvier, a rapporté hier l'agence égyptienne MENA.


M. Abbas a annoncé jeudi qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat lors des prochaines élections générales, manifestant ainsi sa frustration devant le blocage du processus de paix avec Israël.


Selon MENA, M. Moussa a assuré, lors d'un entretien téléphonique jeudi soir le président de l'Autorité palestinienne de son soutien et lui a demandé de revenir sur sa décision.


Les responsables de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), la centrale qui regroupe les principaux partis nationalistes palestiniens dirigée par M. Abbas, ont fait savoir qu'ils soutenaient toujours M. Abbas comme leur candidat à la présidentielle annoncée pour le 24 janvier 2010.


Ce scrutin doit en principe se dérouler en même temps que les législatives, mais les dirigeants palestiniens expriment eux-mêmes des doutes sur la possibilité de tenir ces élections en raison des divisions interpalestiniennes.


Les dirigeants israéliens, tout en s'abstenant de faire des commentaires publics, ont de leur côté exprimé hier leur préférence pour que Mahmoud Abbas, un modéré, reste au pouvoir.


«Nous considérons Abbas comme un partenaire pour la paix aussi longtemps qu'il est au pouvoir», a déclaré un haut responsable gouvernemental sous couvert de l'anonymat. Nous aimerions démarrer les négociations dès que possible avec la direction palestinienne modérée.»


«Nous ne nous immisçons pas dans les affaires internes des autres. Mais il est évident qu'Israël et les États-Unis ont tout intérêt à ce que les Palestiniens aient une direction pragmatique et responsable», a déclaré à la radio le vice-ministre israélien des Affaires étrangères Danny Ayalon.


La décision du président palestinien de ne pas se représenter est analysée comme un «coup tactique» par les dirigeants et les éditorialistes israéliens. «Cette annonce est un coup tactique destiné d'abord à faire pression sur les États-Unis tout en répondant à des besoins internes» palestiniens, a déclaré un responsable gouvernemental non identifié au quotidien Yediot Aharonot. Néanmoins, le premier ministre [Benjamin Nétanyahou] ne souhaite pas le départ de Mahmoud Abbas, car après lui viendront des dirigeants plus extrémistes.»


Selon le quotidien Haaretz, le président israélien Shimon Peres a appelé au téléphone M. Abbas hier matin pour lui demander de rester en poste. «Si vous partez, les Palestiniens vont perdre leur chance de parvenir à un Etat indépendant et la situation dans la région va se dégrader», a plaidé M. Peres, cité par le journal.


De son côté, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a estimé que M. Abbas devait «continuer sa démarche vers la paix».