Ramallah

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'est entretenu samedi avec un haut responsable du Département d'État américain de la formation d'un gouvernement Hamas-Fatah qui suscite des inquiétudes à Washington.

La rencontre entre Mahmoud Abbas et David Welch s'est déroulée à Ramallah, en Cisjordanie. Au cours de cette entrevue, le dirigeant palestinien a déclaré à son interlocuteur que l'accord de La Mecque entre le Hamas et le Fatah sur un partage du pouvoir était «le seul accord possible» et que la communauté internationale devrait apprendre à vivre avec cette nouvelle coalition, a souligné Nabil Abou Rdeneh, conseiller de Mahmoud Abbas.

Un responsable palestinien présent à l'entretien a précisé de son côté sous couvert de l'anonymat que David Welch avait assuré au président Abbas que les États-Unis décideraient de l'attitude à adopter après l'entrée en fonction du nouvel exécutif.

Le négociateur palestinien Saeb Erakat a cependant souligné que le représentant américain avait une nouvelle fois fait valoir la position de Washington, qui insiste pour que le gouvernement de coalition accepte les conditions fixées par le «Quartette» pour la paix au Proche-Orient (États-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies), à savoir que tout exécutif palestinien doit reconnaître l'État d'Israël, renoncer à la violence et honorer les précédents accords israélo-palestiniens.

«Nous allons juger ce gouvernement selon son engagement vis-à-vis des conditions du Quartette», a déclaré l'envoyé américain, selon Saeb Erekat.

Au cours de la semaine, David Welch avait appelé le président de l'Autorité palestinienne pour l'informer que Washington boycotterait tous les membres de l'équipe de coalition, y compris les indépendants et les représentants du Fatah, si le programme gouvernemental n'était pas conforme aux exigences internationales, selon des conseillers de Mahmoud Abbas.

La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice a déclaré qu'elle réservait son jugement jusqu'à ce que le gouvernement soit formé et sa politique clairement affichée. «Discuter de la reconnaissance ou de la non reconnaissance du gouvernement» est prématuré, a-t-elle dit jeudi.

Condoleezza Rice doit rencontrer Mahmoud Abbas à Ramallah dimanche, à la veille du sommet tripartite au cours duquel elle s'entretiendra avec le président de l'Autorité palestinienne et le premier ministre israélien Ehoud Olmert. Au cours de cette rencontre, «le président Abbas va dire qu'une chance doit être donnée» au gouvernement palestinien de coalition, a précisé samedi M. Abou Rdeneh.

La visite de la secrétaire d'État américaine, qui doit débuter samedi soir, était initialement présentée comme une étape vers une relance des discussions sur un accord de paix, mais elle devrait être éclipsée par les différends relatifs au gouvernement palestinien.

Mahmoud Abbas a conclu un accord de partage de pouvoir avec le Hamas, dans l'espoir de mettre un terme à des mois d'affrontements meurtriers entre partisans du Mouvement de la résistance islamique et du Fatah. Sur la base de cet accord trouvé à La Mecque en Arabie saoudite, le gouvernement du Hamas a démissionné cette semaine et le premier ministre Ismaïl Haniyeh du Mouvement de la résistance islamique dispose désormais de cinq semaines pour former le nouvel exécutif mixte.

Dans cette perspective, M. Haniyeh a entamé des discussions dans la Bande de Gaza, rencontrant des représentants du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une faction de l'OLP. D'après un parlementaire du Hamas, Khalil al-Hayeh, M. Haniyeh envisagerait de former un gouvernement dans un délai de trois semaines plutôt que dans le temps imparti de cinq semaines.

Sur le terrain, un membre du Hamas du cabinet sortant, le ministre de la Planification Samir Abou Eicha, a annoncé que des hommes armés avaient tiré sur sa maison à Naplouse, en Cisjordanie, brisant des vitres mais ne faisant pas de blessé. Ghazi Hamad, un porte-parole du gouvernement, a expliqué que les assaillants entendaient apparemment faire dérailler l'accord sur le partage de pouvoir. La responsabilité des tirs n'a pas été revendiquée.

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