Paris

Maurice Papon, seul haut fonctionnaire français condamné pour complicité de crime contre l'humanité pour son rôle dans la déportation de Juifs de Bordeaux (sud-ouest) pendant l'occupation nazie, est décédé samedi à l'âge de 96 ans, a annoncé son avocat, Me Francis Vuillemin.

Condamné en 1998 à dix ans de réclusion, en fuite en 1999, il a été incarcéré pendant près de trois ans avant d'être remis en liberté en raison de son état de santé. Il résidait depuis dans sa ville natale en grande banlieue parisienne, où il était suivi pour des problèmes cardiaques.

M. Papon avait été hospitalisé le jeudi 8 février pour une insuffisance cardiaque et avait subi une intervention chirurgicale mardi dernier.

«Maurice Papon est mort samedi 17 janvier 2007 à 16H00», a précisé son avocat, en soulignant que «l'ancien ministre n'a jamais accepté sa condamnation du 2 avril 1998 par la Cour d'assises de Bordeaux».

Avant d'être rattrapé par son passé de fonctionnaire sous le régime de collaboration de Vichy, Maurice Papon a connu une longue carrière dans les plus hauts rouages de l'État, traversant tous les régimes de la IIIe à la Ve République.

Il a notamment occupé les postes exposés de préfet de Constantine (1956-58) pendant la guerre d'Algérie, et de préfet de police de Paris (1958-67) lors de la répression sanglante de la manifestation algérienne du 17 octobre 1961, sous le général de Gaulle.

Après un bref passage à la présidence de Sud Aviation (1967), il entame une carrière politique: en 1968, il est élu député UDR (le parti gaulliste de l'époque) du Cher, en 1971 maire de Saint-Amand-Montrond (Cher) --il le restera 12 ans - puis est nommé ministre du Budget dans le troisième gouvernement du premier ministre Raymond Barre (1978-81).

C'est en 1981, juste avant l'élection présidentielle, que le journal satirique et d'investigation le Canard enchaîné publie des documents datés de 1943 et 1944 signés de la main de Maurice Papon, l'impliquant dans la déportation de Juifs bordelais.

Après 17 ans de bataille juridique, l'ancien fonctionnaire est renvoyé devant les assises de la Gironde en octobre 1997 pour un procès qui durera six mois, en raison notamment d'interruptions pour hospitalisation.

Après l'épuisement des recours qui induit le caractère définitif de sa condamnation, Maurice Papon a toujours clamé son innocence.

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